Le dilemme de la porte

Publié le par Lucy

Attention, je sors un dossier très personnel. Depuis septembre, je me rends chez ma psy chaque semaine.

Dès la première visite se sont mis en place des rituels: la salutation, l'installation toujours dans le même fauteuil, le chèque que je dépose sur le bureau en fin de séance, et le départ.

Et depuis 40 séances à peu près, se pose le problème de la porte d'entrée (ou de sortie, dans ce cas précis).

Après avoir récupéré mes affaires et ma carte vitale, je vais saluer ma psy qui m'a accompagnée dans l'entrée de son cabinet. Je franchis la porte et tire sur moi le lourd battant en bois massif. Et la porte ne se ferme pas. Je force, tirant un peu plus fort, j'angoisse (n'est-ce pas trop fort? La porte ne va-t-elle pas claquer?) jusqu'au moment où, au quatrième essai, je donne au panneau une impulsion suffisante pour que le pêne rentre dans la serrure. Et ouf, j'ai réussi.

La scène se répétant chaque semaine sans que je parvienne à fermer la porte du premier coup, elle est rapidement devenue source d'anxiété pour moi. (Vous pouvez rigoler, après tout c'est pas pour rien que je vois une psy). J'ai commencé à écouter depuis la salle d'attente, les bruits du patient précédent quittant le cabinet. Lorsque j'étais sur le pas de la porte au moment fatidique, je m'imaginais que la psy était de l'autre côté, guettant mes réactions , analysant, jugeant. Et moi, qu'était-je supposée faire? Claquer? Laisser la psy refermer la porte?

Et pourquoi n'avoir jamais abordé avec elle la question de la porte depuis neuf mois?

Parce que je pensais que les autres ( les personnes normales) n'avaient pas besoin qu'on leur fournisse le mode d'emploi d'une bête porte. Qu'ils savaient quoi faire. De façon instinctive ou en vertu d'un code de conduite tacite dont il me manquait la clé de décryptage.

Alors je restais là, pathétique avec ce problème de porte qui me minait le moral et l'amour-propre, comme un rappel hebdomadaire de mon caractère inadapté. A la fin de chaque séance, je me sentais bête.














Comment un geste aussi simple pouvait-il être devenu une telle source d'embarras, voire d'appréhension?









Mais ça, c'était avant. Lors de ma dernière séance, j'ai décidé que je me fichais d'avoir l'air bête en demandant. Et avouer mon embarras face à cette situation.

Au moment de franchir la porte, j'ai simplement demandé d'un ton calme (même si intérieurement j'avais le cœur qui battait la chamade) "dois-je claquer la porte?"

Ce à quoi la psy m'a répondu: " je la fermerai."

Et ce fut tout. Je le suis retrouvée dehors, libérée de ce poids, étourdie de la simplicité de cette solution. Les larmes me sont montées aux yeux, à ma grande surprise.

Je n'ai pas encore eut le temps de tout analyser de cet épisode récent, mais je sens que sous des dehors anecdotiques, c'est un pas important pour moi.

Un petit pas de plus vers une plus grande sérénité.

Publié dans humeur

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M
Une chose qui nous ennuie ou nous tient à coeur n'est jamais anecdotique. <br /> Je pense ( mais je suis loin d'être psy) que cette interrogation sur la porte peut se référer à une peur d'un de ne rien faire comme les autres et de se dire qu'à cause de ça, tu es encore en marge et de deux que tu as une peur de déranger les autres et de te faire remarquer e manière négative. Me trompé-je ? Peut-être. J'avoue que je me mets à ta place et que c'est ce que je ressentirais.<br /> Le simple fait d'avoir fait la démarche de demander a du te libérer à un point pas possible.Un petit pas pour l'Humanité un pas de géant pour toi, non ? J'imagine le poids que ça a du t'ôter des épaules.
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L
Tu as exactement exprimé ce que je ressentais. L'important est que je retienne que je ne suis pas morte de demander, que mon interlocutrice n'en a pas été dérangée et qu'au final, ça m'a simplifié la vie!