Du domaine des murmures

Publié le par Lucy

Du domaine des murmures

France, 1187.

Pour échapper au mariage que son père, le seigneur du domaine des Murmures, lui impose avec un jeune chevalier violent, Esclarmonde s'offre à Dieu et choisit de vivre emmurée dans une chapelle.

Recluse, mais visitée par un nombre croissant de pèlerins, elle voyage intérieurement et inspire ses contemporains.

Ce roman, prix Goncourt des lycéens 2011, a été un véritable choc. Le récit est tragique, magnifique et m'a plusieurs fois menée au bord des larmes.

Nous suivons la jeune femme dans toutes ses pensées, ses souffrances et ses rêveries qui confinent parfois à la vision mystique. Pour ne pas être une femme mariée bafouée et malheureuse, elle choisit la clôture perpétuelle dans laquelle elle entre par une cérémonie de funérailles. La route de la liberté passe par l'enfermement. Devenue une célébrité locale teintée de sainteté, écoutée, elle a plus d'importance que l'épouse d'un seigneur n'aurait pu avoir. Les mois passant, elle commence cependant à se découvrir des regrets qui surviennent sous la forme la plus inattendue. Difficile d'en dire plus sans déflorer l'intrigue et ça serait vraiment dommage.

Le destin d'Esclarmonde se déroule dans un monde où le pouvoir temporel était indissociable du pouvoir spirituel. Un monde pétri de mysticisme dans lequel on voit Dieu et le Diable à l'œuvre dans toute chose de la nature.

Le récit résonne de façon très actuelle quand il évoque les dangers du fanatisme religieux et les destins broyés par celui-ci.

Un mot sur l'écriture: le fait que cela doit écrit à la première personne a contribué à m'embarquer dans le récit. Le style, parfois elliptique, toujours fin et sensuel, me prend aux tripes. Très bon point pour le vocabulaire employé.

Un ouvrage que je recommande aux amateurs de roman historique, et aussi à ceux qui voudraient s'aventurer dans le destin d'une femme éprise de liberté.

Du domaine des Murmures, Carole Martinez, Folio.

Publié dans produit culturel

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A
Dans le même esprit, quoique ce soit un "roman jeunesse", La Messagère de l'au-delà de Mary Hooper, qui est inspiré de l'histoire d'Ann Green, pendue à Oxford en 1650, déclarée morte et même livrée à l'université pour y être disséquée, puis déclarée vivante. <br /> Non, il ne s'agit pas de miracle, seulement d’une jeune servante abusée par un puissant dans l’Angleterre puritaine du XVIIème siècle. <br /> Deux récits alternent : d'un côté les médecins qui décèlent chez la jeune pendue des signes de vie ; d’un autre, le récit par la jeune fille elle-même des événements qui l’ont conduite à la potence. <br /> C'est très prenant et certains passages ont une sacrée force, sans verser dans le pathos.
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A
Dans le même esprit, quoique ce soit un "roman jeunesse", La Messagère de l'au-delà de Mary Hooper, qui est inspiré de l'histoire d'Ann Green, pendue à Oxford en 1650, déclarée morte et même livrée à l'université pour y être disséquée, puis déclarée vivante. <br /> Non, il ne s'agit pas de miracle, seulement d’une jeune servante abusée par un puissant dans l’Angleterre puritaine du XVIIème siècle. <br /> Deux récits alternent : d'un côté les médecins qui décèlent chez la jeune pendue des signes de vie ; d’un autre, le récit par la jeune fille elle-même des événements qui l’ont conduite à la potence. <br /> C'est très prenant et certains passages ont une sacrée force, sans verser dans le pathos.
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A
Et aussi : je déconseille à quiconque de lire l'article de Wikipédia AVANT d'avoir lu le roman.
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A
Je l'ai lu l'année dernière sur les conseils (avisés) d'une collègue. J'ai tout de suite aimé le style de l'auteure, qui parvient à dire des choses profondes sans insister, de manière presque aérienne mais limpide, tout à fait dans l'esprit des lettres d'Héloïse. Pour moi aussi cela a été un coup de coeur.
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L
Je prends bonne note, merci pour la référence. Ça m'a l'air très intéressant.